20 octobre – Vila Real, Amarante, Braga

Ce matin, la maman du propriétaire de la casa nous sert un généreux déjeuner portugais, tout en nous parlant portugais; on se comprend difficilement. Il y a de la viande, du fromage, du pain et des gâteaux. Quand on demande à son fils le meilleur chemin pour retourner à Pinhao, il nous dit « ne passez pas par la ruelle », tournez à droite, vous rejoindrez la rue principale du village.   Pourquoi n’avons-nous pas pensé à le lui demander hier au lieu de suivre Google Maps?

La ruelle que nous avons prise avec l'auto
 Le soleil est au rendez-vous ce matin mais de courte durée. La brume se lève et envahit la vallée. Nous descendons des montagnes et nous nous rendons à Vila Real, sur la rive nord du Douro.




L’attraction principale de la ville est la Casa de Mateus, ce palais du 18e siècle qui appartient à la même famille depuis tout ce temps. Pour sevices rendus au Portugal durant la guerre avec la France en 1809, un des ancêtres obtint le titre de « Comte ».  Une partie de la maison ne  peut pas être visitée car les membres de la famille y résident à certaines époques de l’année. Son plus grand attrait sont ses jardins à la française étagés en terrasse.  On accède à la partie basse des jardins par un tunnel de cyprès qui produit un effet saisissant. La visite du palais est intéressante mais notre guide manque de connaissance sur l’histoire de la maison.  Elle parle surtout des peintures et de quelques meubles. Il n’est pas permis de prendre des photos.

Le palacio (ou casa) de Mateus

Serge dans l'allée de cyprès

 
Les jardins français



Nous reprenons la route pour nous rendre à Amarante, située de chaque côté du Rio Tamega. La brume s’élève à nouveau et envahit complètement la route. Heureusement elle s’estompe quand nous descendons au niveau de l’eau.

On peut dire "visibilité nulle"
 En route je réalise que la dernière recharge Orange de mon téléphone cellulaire a expiré. Donc il faut maintenant compter uniquement sur notre GPS qui n’est pas aussi précis que Google Maps. L’attrait de cette ville à part son église et son cloître, que nous ne visitons pas en raison d’une surdose de ces temples, est son pont médiéval qui est le symbole de la défense héroïque de la ville contre les français en 1809. Nous le traversons en auto puis à pied à la recherche d’un petit restaurant portugais comme nous les aimons.


 Pour notre dernière étape du voyage, nous nous rendons à Braga, étape très difficile à atteindre.  Nous approchons de Braga par d’immenses autoroutes car c’est la route pour se rendre à Porto.  Notre GPS ne reconnaît pas l’adresse de notre hostel à Braga. De plus il y a les sorties pour Braga Nord, Sud, Est et Ouest. Après avoir tourné en rond pendant une éternité sur les autoroutes et avoir usé nos nerfs, nous choisissons une sortie dans l’espoir de voir apparaître une indication pour le centre-ville.  Finalement je vois l’annonce « Sé » (cathédrale en français). C’est sûrement dans cette direction car Collector’s Hostel est situé sur une rue piétonnière. Nous entrons dans le premier stationnement souterrain que nous voyons et je pars à la recherche d’information pour trouver la rue de notre hostel. Les employés du stationnement ne parle ni anglais ni français et ne reconnaissent pas le nom de la rue que je leur montre sur mon itinéraire.  Finalement je leur montre le numéro de téléphone de l'hostal et par signe je leur demande d’appeler là.  Mystère résolue, nous sommes à cinq minutes à pied. 

La propriétaire est d’origine polonaise et parle français. Elle et son associée ont rénové cette ancienne maison et ont mis une touche artistique dans chaque chambre.  Il y a une chambre portugaise (la nôtre), une japonaise, une Alice au pays des merveilles et des dortoirs de quatres lits joliment décorés.  Ce soir nous soupons ici en utilisant la nourriture accumulée dans nos sacs. Il pleut dehors et nous n’avons pas le goût d’aller nous promener dans la ville. Il y a suffisamment d’attractions pour passer une journée complète à Braga, la 3e plus grande ville du Portugal. Comme nous reprenons la route demain pour Porto afin de prendre l’avion pour Paris, nous n’aurons pas le plaisir de la visiter beaucoup.


La chambre Alice au pays des merveilles

L'ancien archevêché de Braga 

L'université de Braga
A moins d'événements exceptionnels, ceci est le dernier article de ce blogue.  Nous remercions nos fidèles lecteurs et lectrices ainsi que tous ceux qui nous ont laissé leurs commentaires.  

19 octobre - La vallée du Douro

Bien des touristes choisissent de découvrir la vallée du Douro en croisière à partir de Porto.  De notre côté, comme nous avons une voiture, nous choisissons de la découvrir en partant par les petites routes en serpentin, la N-222 et la N-108, qui passent par les villages de la vallée et qui longent le fleuve Douro sur une bonne partie.  Hier nous avons humé l’odeur du porto dans les caves de Vila Nova de Gaia, aujourd’hui nous sentons l’odeur du feu car la région a subi plusieurs feux de forêt ces derniers jours.

Le feu est passé par là


En traversant le fleuve Douro

Un village dans les vignes du Douro
Nous décidons de dévier un peu de notre itinéraire et de nous rendre au sud de Régua, dans la ville de Lamego. Comme au cours de notre journée, nos yeux font plus d’exercice que nos jambes, nous décidons d’aller gravir l’étonnant escalier baroque de 600 marches de l'église de Nossa Senhora dos Remédios, construit en paliers et décorés d’azulejos, d’urnes, de fontaines et de statues. Pour nous, ce n’est qu’un prétexte pour faire de l’exercice dans un beau décor, mais pour  les gens pieux du pays, c’est un lieu de pèlerinage qui atteint son apogée quand des milliers de fidèles viennent ici à la fin de l’été dans l’espoir d’obtenir un miracle.

L'escalier baroque menant à Nossa Senhora dos Remédios

Plus qu'un palier à monter

La place centrale de l'église aux miracles
Nous allons manger dans un petit restaurant portugais près de la cathédrale, puis nous reprenons notre route en direction de Pinhao. Nous retrouvons le bord du Douro où toutes les maisons semblent avoir établi leurs propres vignes sur une parcelle de terre. De l’autre côté du fleuve, exposées au sud, se dressent les collines où les vignes des vignobles plus importants sont plantées sur des terrasses soutenues par des murs de pierre ou de terre ou plantées à la verticale sur les pentes moins pentues.

Les vignobles le long du Douro

Les terrasses en murs de pierre



Rendus à Pinhao, nous décidons de continuer à monter dans les vignobles et de nous rendre à Quinta do Crasto, un vignoble très bien coté. La route est sinueuse et étroite mais heureusement il n’y a pas beaucoup de circulation. Ça nous prend 50 minutes pour parcourir 27 kilomètres, vous aurez compris qu’on ne roule pas vite. Notre persévérance est bien récompensée, le vignoble est perché sur un promontoire au-dessus du fleuve Douro et la vue des terrasses de vignes qui descendent dans la vallée est hallucinante. Comme nous n’avions pas de réservation, nous n’avons pas pu faire une dégustation, mais c’était peut-être mieux ainsi car il fallait toute la vigilance de Serge pour nous descendre des hauteurs sain et sauf.  Comme au retour, j’étais assise du côté du précipice, j’ai eu peur mille fois, revivant la descente des montagnes du Tibet il y a quelques années.

Le vignoble Quinta do Crasto

Ses vignes à perte de vue


Il est bientôt 17h00 et il faut nous rendre à la Casa Cimeira où nous passons la nuit et qui est haut perchée à 8 kilomètres au nord de Pinhao.  L’accès à la Casa n’est pas facile. Il faut emprunter une route sinueuse puis une ruelle en courbe à peine plus large qu’une auto. Heureusement, la casa est très belle et confortable.  Le propriétaire nous annonce que ce soir il n’offre pas le souper car demain il reçoit un gros groupe d’invités pour un mariage. Il nous suggère d’aller souper à Pinhao au restaurant Veladouro sur le bord du fleuve. Redescendre à la noirceur par la route que nous avons prise pour venir n’enchante pas Serge et le met de mauvaise humeur. Mais comme il faut bien manger, nous y allons. Comble de malheur, l’employé nous dit qu’ils sont complets ce soir, tous les invités au mariage ont réservé le restaurant. Nous insistons, le supplions un peu et finalement le gérant nous trouve une table. Cela valait la peine car la nourriture est excellente. Il reste maintenant à remonter par la route sans éclairage, guidés par Google Maps pour bien prendre tous les tournants de la route.  Bravo Serge, mon champion, qui nous a ramenés dans notre coin perdu, sans accident et sans colère.


La salle de séjour de la Casa Cimeira

Notre chambre

18 octobre - Vila Nova de Gaia

Notre programme de la journée est simple, se rendre à pied à la ville voisine, Vila Nova de Gaia, en empruntant le pont piétonnier de Dom Luis I et aller déguster du porto aux caves de la maison Taylor’s.  Mais avant, il faut manger et allez savoir pourquoi, il manque de tout ce matin au déjeuner. Il n’y a plus de vaisselle propre et ni de lait.  La seule employée est débordée et ne sait plus où mettre la tête devant tous les clients affamés de l’auberge. Je mange mes céréales avec une fourchette et mon pain grillé sur une serviette en papier. Serge se contente d’un jus et d’un café. 

A 10h00, nous arrivons sur le pont qui est utilisé uniquement par les piétons et les tramways. C’est tellement plus agréable que de côtoyer les voitures et camions. Au loin nous apercevons les noms des caves de porto bien connues telles que Sandeman et Offley. Mais notre choix s’est porté sur la maison Taylor’s qui est située un peu plus loin.

Sur le pont Dom Luis I


La vue sur Vila Nova Gaia
Avant de goûter à quelques variétés de portos, il est encore tôt quand même, nous faisons la visite des caves et apprenons l’histoire de cette entreprise familiale qui existe depuis 1692. Ce vin provient de l’un des plus vieux et des plus beaux terroirs viticoles, la vallée du Douro, où la vigne se cultive depuis deux millénaires.  Tout en parcourant les caves et en humant l’odeur du porto qui se dégage des tonneaux, nous nous familiarisons avec les différentes étapes d’élaboration du porto, dont celle qui consiste à fouler les raisons avec les pieds pour en libérer le jus et amorcer la fermentation. Les vins de portos se divisent en deux catégories : le porto vieilli sous bois et celui vieilli en bouteille, ce dernier étant le plus recherché des connaisseurs et aussi le plus dispendieux et certainement pas celui qui est compris dans notre dégustation.
La cave  â Porto Taylor's

Ce tonneau peut contenir 33,000 bouteilles de porto


Nous passons ensuite à la partie « dégustation ».  On nous apporte deux sortes de porto, le premier un porto blanc qui se prend en appéritif et le deuxième un porto rouge qui se boit comme digestif pour accompagner par exemple du fromage bleu ou du chocolat. Les deux sont excellents. Nous avons accompagné nos portos avec du pain et de l’huile d’olive provenant de leur domaine la Quinta de Vargellas. Cette huile d’olive est la meilleure que nous ayons eu l’occasion de goûter et nous en rapportons une bouteille à la maison.  Nous achèterons le porto au LCBO de Whitby. Deux verres de porto, c’est assez pour me faire marcher croche en redescendant vers la rivière. 


Lecture et porto

Des habitués de la salle de dégustation
Cette fois-ci nous prenons le téléphérique le long de la promenade pour remonter à la hauteur du pont et aller visiter le Jardim de Morro. Le coup d'oeil sur les deux villes en vaut la peine.

Une sculpture en forme de lapin. Serait-ce Lili ?

La vue du téléphérique


 Heureusement que le billet pour la visite du Jardim do Morro était peu dispendieux car il n’y avait pas grand-chose à voir.  Le plus beau est la vue que nous avons sur Porto et Vila Nova de Gaia du haut de son promontoir.

Jardim do Morro



Ce soir nous allons souper au petit restaurant portugais Novo Mondo que nous ont conseillé Catherine et Hugues afin de manger des sardines grillées. J’ai bien aimé ces sardines dodues à la peau croustillante, mais Serge n’a pas voulu y goûter. Le menu comprenant la soupe, le plat du jour, le dessert et le café coûtait 5,30 euros, une véritable aubaine.



17 octobre - Porto, jour 2

Ce matin après avoir marché jusqu’à la Place de la Liberté, nous débutons nos visites par la Librairie Lello au style néo-gothique inauguré en 1906.  Les escaliers de la librairie sont à double volée et à double orientation. Nous sommes sur les traces d’Harry Potter. Il paraît qu’ils ont inspiré J.K. Rowling pour le magasin fleuri dans « Harry Potter à l’école des sorciers ».  Il faut dire que Madame Rowling a déjà travaillé comme professeur d’anglais dans la ville de Porto et a souvent fréquenté cette librairie.
Praça da Libertade

A la librairie Lello



En route pour la Torre dos Clérigos (la tour des Clérigos), nous faisons un peu de lèche-vitrine.  Que dire de cette motocyclette écologique pour aller pique-niquer dans la campagne, si celle-ci est dans votre cour! 


Avant de gravir les marches de la tour qui semblent sans fin pour atteindre le sommet, nous faisons connaissance avec le patrimoine des Frères Clérigos et apprenons un peu de leur histoire.  La confrérie a été fondée  en 1707 pour réaliser des œuvres de piété et de charité. C’est un italien, Nicolau Nasoni, qui a réalisé la construction de l’église et de la tour.  Au 2e étage nous pouvons visiter le Salon Noble où les décisions étaient prises, la salle du coffre où étaient gardés les biens de la confrérie et la salle des archives. Une série de balcons nous permet d’avoir une vue exceptionnelle sur l’église.



La Salle Noble

L'église des Clérigos
En après-midi, nous achetons des billets avec la compagnie Douro Azul pour aller faire une ballade en bateau sur la rivière Douro qui nous fait passer sous les six ponts de Porto. Il fait un temps idéal, le soleil est au rendez-vous et il fait 20 degrés Celsius. Autrefois ces bateaux servaient à transporter le porto provenant des vignobles, maintenant ils font le  bonheur des touristes.  Voir Porto s’étirer au fil de l’eau est un vrai délice; les maisons multicolores, les nombreuses églises et les ponts défilent  sous le rythme lent du bateau qui accueille pas plus de 40 passagers.
La vue sur Porto



A droite la ville Nova de Gaia
Nous avons réservé notre dernière visite de la journée à l’église Sao Francisco. En 1216, deux moines envoyés par Saint François arrivèrent au Portugal pour fonder les monastères de Coimbra, de Lisbonne et de Guimaraes. En 1233 le Pape Grégoire IX adressa une lettre à l’évêque de Porto et à son chapitre, pour les avertir de ne pas nuire à la fondation d’un monastère dans cette ville. Non seulement le clergé et les religieux des autres ordres étaient hostiles aux franciscains, mais ils les persécutaient partout où les frères mendiants s’installaient.  C’est à Porto que les franciscains souffrirent le plus. Malgré tout, les disciples de Saint François gagnèrent la dévotion et la générosité des fidèles et l’un d’eux offrit un terrain pour la construction du monastère. Ce bâtiment, modeste au début, subit plusieurs transformations de style gothique avec des ornements de style roman et fut achevé en 1425.  Au cours des deux siècles suivants, la ville s’enrichissant de façon très marquée, l’église fut complètement revêtue d’un décor en bois sculpté et de feuilles d’or. L’entrée dans ce sanctuaire est un pur délice, malheureusement il est interdit de prendre des photos.  Nous nous concentrons à admirer les six retables et le transept, au son de musique classique dont le « canon de Pachelbel » qui me rappelle des souvenirs du temps où Thierry jouait du violon. Le retable des saints Martyrs du Maroc est particulièrement émouvant par sa simplicité et son authenticité.

L'église Sao Francisco de Porto
A côté de l’église se trouve la maison du tiers ordre de Saint François (association de fidèles qui s’inspirent de la règle de vie de l’ordre des franciscains). A l’étage des nobles,  la salle des Sessions est particulièrement remarquable

La salle des Sessions
Nous descendons ensuite dans la crypte qui abrite les catacombes. Il s’agit de l’unique cimetière souterrain de ce genre au Portugal.  C’était le cimetière privé du tiers ordre de Saint François entre 1749 et 1866. Les enterrements y ont cessé par la suite à cause de nouvelles exigences d’ordre sanitaire de la ville. Les tombes sont numérotées et chaque monument est surmonté d’un crâne avec l’inscription du défunt et l’année de son décès.


Le cimetière intérieur de l'ordre de Saint François


Ce soir nous soupons au restaurant de l’auberge de jeunesse. Serge était un peu réticent mais finalement ce fut un bon choix.  Nous sommes onze à table, dont quatre canadiens, un de l’Alberta et trois de l’Ontario,  et c’est très agréable d’échanger entre nous. De plus  le menu à quatre couverts est très bon et cela pour 7 euros par personne incluant le vin.  Nous n’avons ensuite qu’à prendre l’ascenseur pour nous rendre à notre chambre au 4e étage.